Mort d’un père, Naissance d’une mère

Mort d’un père, Naissance d’une mère

Des papouilles douces sur ta main
Des papouilles douces sur ta tête

Un gros câlin quand je te retrouve
Un gros câlin quand je te quitte
Quand je te quitte, cette sensation si forte de t’abandonner
Quand je te retrouve, cette sensation si forte que je ne t’ai pas quitté

Du silence, intérieur
Comment sera demain?
Du silence, extérieur
Où seras-tu demain?
Du silence, du silence
Comment serai-je demain?

Je t’honorerai
Je me sens forte, je suis ta fille
Je me sens forte, je suis ta mère

Être avec toi sans parler
Regarder avec joie chaque millimètre de ton épiderme
Masser tes pieds doucement
Chuchoter pour ne pas te brusquer
Tirer mon lait non loin de toi
Masquer mes larmes
Ressentir ta souffrance
Ressentir mon amour pour toi
Ressentir notre connexion profonde
Oublier la dureté
Choisir l’instant présent à chaque seconde

Sentir ton pouls battre
T’observer pudiquement quand tu dors
Recueillir l’essence de chacun de tes mouvements
Être habitée par cette flamme ardente de vie
Sangloter sans fin dans les toilettes d’un train
Rejeter l’insensé d’un RER bondé
Vivre pour toi a minima
Changer tes habits
Jouer de la musique
Aller travailler
T’écouter

M’émerveiller de ton sourire, de tes grands yeux
M’émerveiller que tu existes, là sous mes yeux
M’émerveiller d’être ta fille
M’émerveiller d’être ta maman

LA VIE. SON CYCLE. LA VIE. SES CYCLES.

Non. Refus. Non. Pause. Réflexion. En fait. Oui. Réalité.
Non. Refus. Interne. Non. Non. Non. En fait. Oui. Réalité.
Non. Refus. Pourquoi. Non. Refus. Non. En fait. Oui. Réalité.
Non. Refus. Quel intérêt. Non. Pause. Réflexion. En fait. Si.

LA VIE. SON CYCLE. LA VIE. SES CYCLES.

Love my father. Love my son.
RIP. WELCOME

Choisir avec conscience la suite.
Réveiller l’enfoui.
Décrasser le glauque.
Nettoyer les latrines.
Faire place à l’authentique.
Agir plutôt que parler.
Sortir dehors.
Coming out.
S’offrir au monde.
Vivre de plein fouet.
❣️

Quelle part de ce que tu offres au monde n’est pas toi?
Quels choix fais-tu pour ta suite?

With Love from Kolo
⚡️

📷 couverture Francois Rosenstiel Photographe Vidéaste à Lyon
🌍 Andringitra / Vallée du Tsaranoro, MG
📷 article Pixabay

Être mère ou ne pas être

Être mère ou ne pas être

Il y a 8 ans, le 24 juillet 2011, je perdais mon premier bébé.
wouah déjà. J’ai l’impression que cette petite âme est partie hier.

Je me rappelle très précisément de toutes les sensations que j’ai expérimenté lors de cette journée du 23 juillet alors que tu nous avais sans doute déjà quitté et que ton corps physique restant cherchait à se frayer un chemin vers la sortie, à quitter ce triangle féminin si douillet.

C’est fou quand même que tu aies choisi d’initier ta sortie le jour de la fête d’anniversaire des 60 ans de ma maman, ta grand-mère. C’est fou, oui. 

Je suis passée de la sensation d’être mère à la sensation d’être vide. De la sensation de sens à la sensation d’inutilité. De la sensation de joie et fierté à la sensation de tristesse et de honte. 

J’ai rêvé et souhaité très fort qu’ils m’euthanasient à l’hôpital quand je suis allée confirmer ce que je savais déjà : ton départ. Et non, ils ne m’ont pas euthanasié. Je suis repartie avec ton papa et ta tante sans voix, sans corps, les yeux hagards, le ventre tuméfié.

Ton départ a été une nouvelle occasion de me confronter à moi-même, aux questions profondes et existentielles que j’ai toujours fui ou que j’affrontais uniquement dans le drame et le fantasme d’une séparation terrestre.

Une nouvelle fois, je n’ai pas réussi à plonger dans l’intensité de ce que je ressentais. Il m’a fallu rapidement trouver une béquille pour éviter de traverser l’intense, traverser le vrai.

Alors vite, au lieu de, au lieu…
Et bien j’ai trouvé de quoi éviter une nouvelle fois ma question profonde.
J’ai couru vers une question de surface pour éviter.
Alors j’ai surinvesti.
J’ai surinvesti.
J’ai surinvesti.
J’ai surinvesti ma maternité.
Et j’ai conclu : Être mère ou ne pas être.
Un beau cocktail pour éviter de vivre ma vie, ma putain de vie.
Ne pas être : la mort
Être mère : la vie
La vie sans être mère : la mort
Maîtriser la vie : personne ne sait faire

Et pendant ce temps là à Veracruz : Kolo ne vit pas, elle survit.
Chaque mois, elle pleure dans sa rivière rouge.
Oui, j’ai beaucoup pleuré et mon bas-ventre aussi.
Pleuré à attendre, espérer, fantasmé la vie rêvée où je serai mère.

Puis les mois deviennent des années et mon corps dysfonctionne à hauteur de l’intensité que je refuse de traverser pour vivre et non survivre. Je frôle le syndrôme OPK. Je suis en déficit d’hormones. Je développe toutes sortes de symptômes. Je suis à côté de moi.

J’ai créé mon nouveau système pour éviter de vivre ma putain de vie.
Vivre sans être mère n’est pas possible. Je perds mon intuition, je perds mon ancrage à la terre, je perds le putain de feu qui m’anime. Je m’éloigne chaque jour un peu plus de moi-même en surinvestissant cette mission d’être mère. 

Être mère ou ne pas être.
Subtil, c’est très subtil.
Et pendant ce temps-là à Veracruz : Kolo ne vit pas, elle survit.
Et pendant ce temps-là à Veracruz : Kolo n’agit pas, elle surréagit à l’extérieur.
Et pendant ce temps-là à Veracruz : Kolo ne dit pas, elle crie de l’intérieur.

Et puis il y a eu
Le jour où j’ai décidé d’arrêter de survivre.
Le jour où j’ai décidé de regarder la question de fond.
Le jour où j’ai décidé de repérer mon système pour agir dessus.

Merci.

Et toi alors, as-tu une mission de vie que tu surinvestis pour éviter de vivre ta putain de vie et traverser l’intense que ça implique dans sa simplicité et sa sincérité?

With Love from Kolo